lundi 13 avril 2015

Gioconda, de Nikos Kokantsis


Guiconda est un de ces petits livres que l'on n'oublie pas de sitôt. Dans la Grèce de la Seconde Guerre mondiale, deux adolescents vont découvrir la magie du désir et de l'amour. La tourmente de la guerre emportera cet amour mais ce livre nous le restitue avec une force, une vérité extraordinaires et nous gardons longtemps au coeur sa lumière. 









Mon avis : 


Suite à l'avis plus qu'élogieux qu'avait partagé Treky, j'ai lu ce petit récit qu'il m'a d'ailleurs lui même prêté (un grand merci au passage). Je ne voulais pas le garder très longtemps et c'est lors d'un marathon bouquina que j'ai décidé de le sortir.

C'est la première fois que je lis un roman grec, en dehors peut être des grandes tragédies étudiées à l'école.
Ce récit autobiographique retrace l'enfance et l'adolescence de l'auteur qui nous raconte sa tragique histoire d'amour.

J'ai été séduite sur plusieurs points dans ce livre. Tout d'abord le point de vue historique.

Cela se déroule pendant la seconde guerre mondiale. La  ville de Thessalonique, au début du 20e siècle, compte plus de 120 000 habitants dont 80 000 juifs. A la fin de la 2nde guerre mondiale, 98% de la population juive de cette ville est exterminée dans les camps...J'en ai des frissons d'horreur (source : wikipédia)

J'aime énormément quand les lectures historiques et contemporaines m'enseignent de nouvelles choses, et pour le coup, malgré ses 120 pages, j'ai été servie .





Ensuite, je retiens le courage de l'auteur : Il lui a fallu 30 ans pour livrer son histoire, afin de faire vivre encore longtemps son premier amour, une fois que lui même sera décédé :

 "Je crains parfois qu’arrive un jour où je commencerai d’oublier les détails. Cette idée me terrifie. Je veux garder en mémoire à jamais tout ce qui s’est passé entre nous, l’instant le plus infime – toutes les fois où elle m’a dit je t’aime, toutes les fois où elle m’a touché de cette façon qu’elle seule, d’instinct, connaissait. Me souvenir à jamais de sa voix quand elle chuchotait, le contact de ses lèvres, l’odeur de son corps. Me souvenir non seulement de ce qui fut dit, mais de tous nos silences. Les gens meurent seulement quand nous les oublions. Gioconda doit rester vivante aussi longtemps que je vivrai – et plus longtemps que moi. Vivante, ainsi que je l’ai connue, s’épanouissant sous mes regards, mes caresses, mes baisers. »


Enfin l'histoire d'amour : l'auteur a non seulement vécu ses premiers baisers avec Gioconda mais a aussi découvert avec elle le désir et la sexualité. Il aborde ces sujets de manière simple et légère, Il rappelle le contexte historique dans lequel il vivait. Plus d'école, plus de culture, pas de moyens de connaître ces choses de la vie très taboues à cette époque. La façon dont il nous partage ses souvenirs est intime et naturelle, et la plume est agréable à suivre. Il nous emporte dans sa passion éternelle. En peu de temps, et à un âge où les émotions sont d'autant plus vives, il nous raconte une histoire d'amour aussi intense et qui, malgré la mort de Gioconda, a vécu à travers des décennies.

En conclusion, ce livre est une superbe découverte et je remercie le libraire de Treky de lui avoir conseillé. L'auteur est décédé en 2009 et ce livre passe inaperçu, alors qu'il fait partie de ses rares romans qu'il faut lire pour mieux ouvrir les yeux et comprendre le monde qui nous entoure. A travers ce témoignage émouvant, on découvre une partie de la Grèce qui a disparu au fil des années. La fin est difficile, mais on le sait déjà avant même d'acheter ce roman.




2 commentaires:

  1. Une petite perle alors, chouette ça, je me le note dans un coin pour le jour où ...

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