mardi 7 janvier 2014
Therese et Isabelle, de Violette Leduc
«Isabelle allongée sur la nuit enrubannait mes pieds, déroulait la bandelette du trouble. Les mains à plat sur le matelas, je faisais le même travail de charme qu’elle. Elle embrassait ce qu’elle avait caressé puis, de sa main légère, elle ébouriffait et époussetait avec le plumeau de la perversité. La pieuvre dans mes entrailles frémissait, Isabelle buvait au sein droit, au sein gauche. Je buvais avec elle, je m’allaitais de ténèbres quand sa bouche s’éloignait. Les doigts revenaient, encerclaient, soupesaient la tiédeur du sein, les doigts finissaient dans mon ventre en épaves hypocrites.» Dans Thérèse et Isabelle, longtemps censuré, Violette Leduc tente de «rendre le plus minutieusement possible les sensations éprouvées dans l’amour physique». Voici des pages âpres et précieuses, d’une liberté de ton qu’aucune femme écrivain n’avait osé prendre en France avant elle.
Mon avis :
Le mot qui me vient en pensant à cette histoire est FEMININ. 2 jeunes femmes en pensionnat dans les années 50 qui s'aiment et découvrent leurs corps et les plaisirs charnels. Beaucoup de métaphores avec les fleurs et les couleurs. Des instants volés et passionnés décrits de façon douce et délicate.
Ce livre n'est pas comparable aux récits érotiques d'aujourd'hui. Il faut le replacer dans son contexte : Tout d'abord paru en 1954, le roman a été censuré puis réedité de façon réduite en 1968. Folio a recu les droits de le réediter en intégrale en 2000. A l'époque, c'était innovateur! Vous vous rendez compte, à l'après guerre, raconter l'histoire d'amour entre deux jeunes femmes de 17 et 18 ans? L'histoire se déroule sur 3 jours et c'est ce que j'ai regrettté. C'est qu'en si peu de temps et de pages (143), nous n'avons pas le temps de nous attacher aux personnages. Certains dialogues sont décousus (ceux qui concernent leurs retrouvailles sont brefs et vont droit au but, sans pour autant heurter la sensibilité des gens, car l'auteur a surtout voulu décrire la delicatesse des sentiments féminins à travers le récit et les descriptions).
Isabelle est plus directive que Therese et c'est elle qui va l'entraîner dans les jeux de la chaire, poussant un peu plus loin chaque découverte de leur corps, que ce soit la nuit ou au détour d'un couloir de la pension. Elles devront rester discrètes et n'éveiller aucun soupcon, ce qui rend leur histoire encore plus dévorante pour l'une comme pour l'autre.
Je remercie Livraddict et les éditions FOLIO de leur confiance quant à l'envoi de ce service presse.
Note : 6/10
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La ocuverture est très douce je trouve.
RépondreSupprimerJe vais noter ce titre quelque part