Si vous me connaissez, vous ne serez pas étonné
de découvrir cette interview. Pour ceux qui viennent d’arriver, vous devez donc
savoir avant de lire l’article que j’ai découvert Rod Marty en 2015 avec son
roman « Les enfants de Peakwood », qui a reçu le prix des
Halliennales 2016 et qui a été également finaliste du Prix des imaginales
des lycéens 2017 et du Prix des chroniqueurs web 2016. Dès les premières
pages, j’ai su que ce serait un coup de cœur ! Depuis, je suis activement
les actualités de cet auteur, et c’est toujours un vrai plaisir de lire ses
nouveaux romans et de le croiser lors de festivals littéraires !
Bonjour Rod,
Je suis ravie de t’accueillir aujourd’hui sur
le blog. Ton premier roman « les enfants de Peakwood » a été publié
en 2015 chez Scrinéo. En 2017, tu as sorti le roman « la mère des
eaux », qui fait partie de la pré-sélection pour le PLIB2018.*
La terrible descente aux enfers d’un couple, dans l’atmosphère oppressante d’une petite ville américaine aux phénomènes étranges…
Après avoir subi une nouvelle fausse couche et appris qu’elle ne porterait plus jamais d’enfant, Emily est dévastée. Christopher, son mari, ne sait comment la consoler. C’est alors qu’ils sont appelés dans une communauté en Louisiane, au chevet de la mère d’Emily, que cette dernière n’a jamais rencontrée.Mais rien ne va se passer comme ils l’imaginaient. Pour Christopher, la sollicitude des habitants devient vite pesante, et les relations du couple commencent à se distendre…Que cache cette communauté coupée du reste du monde ? Pourquoi ses habitants ont-ils décidé de vivre reclus ? Et, surtout, que signifient ces rêves étranges qui troublent le sommeil d’Emily ?
Un thriller fantastique sur l’obsession d’une femme prête à tout pour devenir mère. Quel qu’en soit le prix à payer…
Ma première question concerne l’absence de
visibilité des littératures de l’Imaginaire. Depuis quelques années, de plus en
plus d’actions se développent pour permettre de faire découvrir ces genres à un
public plus large, quelle est ta position à ce sujet ?
Je pense que toutes les occasions de parler un
peu de SFFF sont bonnes à prendre. Les médias ne prennent pas au
sérieux ces littératures (il suffit de voir le nombre d’invités à la télé ou
d’articles dans la presse concernant ces genres), mais heureusement il y a une
communauté de passionné qui reste fidèle et qui tente de faire vivre cette
culture de l’imaginaire. Et puis c’est aussi l’occasion à chacun des auteurs
présélectionnés de se faire connaitre par d’autres lecteurs.
Ton
premier roman « les enfants de Peakwood » a été publié en 2015 chez
Scrinéo. Écrivais-tu déjà avant ?
Non, j’écris depuis
l’enfance. Un concours de poésie à l’école primaire et c’était parti pour moi.
J’ai continué avec des nouvelles à l’adolescence avant de passer au roman à
l’âge adulte.
Comment s’est passée la transition entre ces
deux formats ?
Tout naturellement avec des histoires qui se
complexifiaient de plus en plus. Il y a des récits qui ne demandent pas à
s’étaler et d’autres oui. Une nouvelle c’est comme regarder l’habitant d’un immeuble
par une fenêtre ouverte. Un roman c’est comme enlever la façade d’un bâtiment
pour observer tout ce qui se passe à l’intérieur.
As-tu des conseils à donner aux écrivains en
herbe ?
C’est tout bête. Arrêter de réfléchir sur le plan
de votre histoire, de dessiner des cartes, de faire dix arbres généalogiques ou
de créer des fiches de personnages à gogo. À la place, écrivez de vraies
scènes. Amusez-vous, faites-vous peur, découvrez l’univers de votre histoire en
même temps que vos personnages. Vous pourrez toujours rééquilibrer, tailler ou
modeler les choses plus tard. Sans histoire posée sur le papier par contre
c’est plus difficile.
Parlons de ton roman « la mère des
eaux » :
Quelle a été la première scène qui t’es venue à
l’esprit ? Celle par laquelle tout a commencé ?
La première image qui m’est venue était celle de
June (la mère d’Emily). Je la voyais assise sur le perron d’une vieille maison,
observant à l’autre bout de son jardin la végétation dense du bayou. Son regard
était figé sur l’obscurité qui s’y cachait. Elle semblait être incapable de
bouger. Mais pourquoi ?
Justement, lors de ma lecture, j’ai été frappée
par ta disposition à nous permettre de visualiser parfaitement toutes les
scènes, as-tu des connaissances particulières pour la mise en scène ?
À la base, j’ai une formation théâtrale et j’ai
également fait quelques mises en scène de pièces. Du coup, lorsque j’écris je suis à la place du personnage. Je vois par ses yeux,
j’entends ce qu’il entend, je touche ce qu’il touche. C’est étrange quand on y
pense. C’est presque une histoire de possession.
En parlant de cela, est-ce difficile d’écrire
d’un point de vue féminin ? Je pense particulièrement à Emily dont la
première scène la fait apparaître en train de faire une fausse couche.
J’écris de la même manière que ce soit pour un
personnage féminin ou masculin. Ne pas le faire serait, selon moi, le meilleur
moyen d’enchaîner les clichés. Alors oui, ils ont chacun un genre qu’on ne peut
pas effacer et qui apparaît dans leur gestuel, leurs vêtements ou dans la
manière dont ils perçoivent certaines choses dues à l’expérience, mais
fondamentalement ce que peut ressentir un sexe, l’autre le peut également. Il y
a des femmes sensibles, mais aussi des hommes sensibles. Il y a des hommes
violents, mais aussi des femmes violentes. Ensuite tout est une histoire
d’équilibre.
Concernant la scène de la fausse couche, j’ai
tenté d’imaginer ce qu’on pouvait ressentir si un de ces organes (comme le
foie) se tordait dans son ventre. Bien sûr, en tant qu’homme, je ne
ressentirais jamais la douleur physique d’une fausse couche, mais c’est ce qui
pour moi pouvait s’en rapprocher le plus. L’important dans cette scène étant
avant tout le désespoir d’Emily.
Tes deux romans traitent de thèmes rarement vu
dans la littérature francophone : Le chamanisme et le vaudou. Pourquoi et
quelles sont tes inspirations ?
C’est très simple en fait. Enfant, j’étais un
passionné de la culture amérindienne. Ma chambre était tapissée d’images les
concernant (certains brillant même dans la nuit, eh ouais), j’écoutais leurs
chants sur CD et je lisais tout ce que je pouvais à leur sujet. Je pense que
tout l’attrait que j’avais pour eux est ressorti naturellement dans mon premier
roman (les enfants de Peawood). Pour
mon second, c’est toujours un peu la même chose. La Louisiane m’a toujours attiré.
Ses paysages, sa mixité, son histoire… J’avais envie d’explorer ce lieu à ma
manière. Et tout naturellement qui dit Louisiane dit vaudou. J’ai tout de même
essayé de me détacher de certains clichés en travaillant principalement une des
déesses de cette religion : Mami Wata.
D’ailleurs,
peux-tu nous en dire plus sur elle ?
J’ai choisi
d’utiliser cette divinité lorsque j’en étais au début de mon roman, car il y
avait plusieurs points chez elle qui m’intéressaient. Non seulement c’est elle
qui est invoquée dans le vaudou lorsqu’une femme souhaite tomber enceinte, mais
elle aussi associée à l’eau en permanence (ce qui allait parfaitement au lieu
où se déroule l’action de mon roman entre l’océan et le bayou). Je trouvais
également la manière dont elle était décrite, en général, très humaine. Elle
est protectrice et peut se montrer généreuse, mais à fois la possessive et
coléreuse (ne supportant pas que ses amants la trahissent). Ça m’a influencé
pour travailler sur sa personnalité et son passé. À savoir comment elle était
devenue Mami Wata et comment ses craintes de femme en étaient devenues des
colères de déesse.
Es-tu un grand lecteur ? Quelles ont été
tes plus belles découvertes en 2017 ?
En tant que lecteur je dois être sur une moyenne
d’une vingtaine de livres par an. Je lis comme j’écris (lentement).
Au niveau de mes découverts 2017, je retiens :
En contemporain : La série des
Falsificateurs d’Antoine Bello (si vous aimez les histoires de complot, cette
saga est faite pour vous)
En fantastique : Je suis ta nuit de Loic
Leborgne (pour les fans de S.King et Stranger Things)
Walhalla de Graham Masterton (oppressant et
cauchemardesque. Pour lecteur averti avec estomac bien accroché)
Jeunesse : 14/14 , de Paul Béorn et Silène Edgar (Envie d’une lecture vous
ramène en enfance ? je vous conseille ce texte)
Young adult : Les Loups chantants (mon
roman préféré Aurélie Wellenstein. C’est rempli d’aventure et de créatures
extraordinaires)
Comics : Witches de Scott Snyder et
Jock (Vraiment flippant)
Dernière petite question : Quels sont tes
projets ? As-tu déjà ton agenda de présence aux salons littéraires ?
Je travaille en ce moment sur un nouveau projet
autour de la réincarnation. Pour le moment je m’amuse bien dessus. Si tout se
passe bien, il devrait voir le jour en 2019.
Niveau salon, je serai :
- à Livre Paris le 17 Mars
- aux Imaginales du 26 au 29 mai où « La Mère des Eaux » est dans la sélection du prix des lycéens
- à Envie de Livres le 03 Juin
- à Livre Paris le 17 Mars
- aux Imaginales du 26 au 29 mai où « La Mère des Eaux » est dans la sélection du prix des lycéens
- à Envie de Livres le 03 Juin
Voilà un beau programme où de nombreux lecteurs
pourront ainsi te rencontrer (et vous qui passez par-là, je vous conseille d’aller
le saluer et de vous pencher sur ses supers romans !)
Je te remercie de tout cœur d’avoir participé à
cette interview ! Bonne chance pour la suite du #PLIB2018 !
Mon avis en vidéo sur "La mère des eaux" :
Coucou Hélène, ça va? Merci pour cette interview. J'aime bien en savoir un peu plus sur les inspirations d'un roman et sur les auteurs eux-mêmes. J'adore les questions que tu as choisi de poser. Bon week-end!!!
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