Basile n’a pas choisi la vie d’exclu qu’il vit à cause du métier de son père, bourreau dans le comté de Provence en cette année 1268. Il n’a pas voulu non plus devenir son apprenti. Quand il découvre qu’il possède le don de ressentir les émotions des gens qui l’entourent, de se les approprier et de les retourner contre ceux qui le méprisent, tout bascule.
Accusé de sorcellerie, poursuivi par un inquisiteur, agressé par des sentiments qui ne lui appartiennent pas, il doit fuir pour retrouver son clan. Tant qu’il n’aura pas réussi à maîtriser cette puissante empathie, il sera menacé.
À moins qu’il ne décide de l’exploiter pour dominer les autres en manipulant leurs émotions…
Le jarwal nous entraîne en Provence en 1268. Nous
rencontrons et suivons Basile, un adolescent de 17 ans, fils d’exécuteur, qui a
la capacité de ressentir les émotions des gens autour de lui. Mais son empathie
prononcée va lui jouer de mauvais tours lors de la mise à mort d’une femme, considérée comme une sorcière. Suite à cela, Basile va devoir fuir sa
maison, abandonner ses parents et partir à la recherche d’un clan qui pourrait
l’aider à mieux maitriser son pouvoir.
Basile est un adolescent que j’ai pris plaisir à suivre. En
effet, il a pas mal de nuances, à commencer par un gros manque de confiance en
lui, qu’il apprendra à acquérir au fil de son aventure. Basile, en tant que
fils de « bourreau » a toujours été exclus de la société. A l’époque,
les exécuteurs étaient considérés comme maudits et comme fils de l’enfer. Basile a donc été victime de moqueries et railleries tout au long de son enfance et de son adolescence. Mais ce n'est pas un Calimero pour autant...
Non seulement le fait de devoir prendre un nouveau chemin en
cachant qui il est va lui permettre de gagner en confiance, mais
l’apprentissage de son pouvoir d’empathie va aussi le pousser à développer
maturité et charisme.
Petit à petit, nous découvrons Basile en pleine transition
pour le voir déployer ses ailes pour devenir adulte, s’ouvrir aux personnes
extérieures et apprendre à faire confiance.
Les personnages secondaires récurrents ne sont pas très nombreux, et
j’ai apprécié que Patricia Le Sausse leur donne des prénoms de l’époque…
Clotaire, Amaury, Héloïse, …tous ces noms m’ont enchanté et cela m’a permis de
poursuivre mon immersion dans cet univers que j’ai particulièrement apprécié
également pour ses paysages et aussi pour l’époque dans laquelle l’histoire se
déroule.
Partir en Provence à l’époque médiévale pour découvrir une
histoire fantastique, voilà qui ne pouvait que m’emporter !
Tout se déroule entre Arles et les Alpilles, et l’autrice nous
sert de temps en temps des références historiques, notamment avec les croisades
et ce qui a pu se produire à cette époque. Ainsi, j’ai été ravie d’enrichir,
grâce à elle, ma culture personnelle sur Aigues Mortes ou sur Louis IX…
De plus, j’ai pris plaisir à découvrir l’investissement
qu’elle a fourni, puisqu'elle utilise du jargon provençal médiéval et toutes
ses descriptions nous offre des paysages du sud aux odeurs de Lilas et de foin.
C’était dépaysant et j’ai vogué dans de merveilleux paysages en campagne ou
dans les villes.
L’histoire est à la fois contemplative avec des scènes d’exécutions qui peuvent parfois être difficiles à lire (surtout la première) , mais aussi active puisque nous découvrons le combat quotidien de Basile, sa fuite face à l’inquisiteur, et ses face à face avec son double qui fait son apparition et nous fait nous poser de nombreuses questions.
Tout le long du récit, on le voit en pleine discussion
intérieure avec cet autre. Qui est-il ? D’où sort il ? Est il son
autre qui peut lui permettre de maitriser son pouvoir ? De lui donner du
courage ? Des réponses ? Tant de questions qui trouvent leurs
solutions durant le récit.
Le jarwal, enfin, est une histoire de famille que j’ai pris
plaisir à découvrir petit à petit. Les fils se dénouent au fil de l’histoire et
j’ai été surprise de toutes ces révélations.
Cependant, je dois cependant parler d’un passage qui m’a
paru confus. Et cela se passe dans les 40 dernières pages, au moment où les
révélations arrivent. J’ai trouvé ce passage non fluide, il m’a fallu m’y
reprendre à plusieurs reprises pour bien comprendre, j’ai ressenti beaucoup de
confusion et tout n’était pas clair. Après coup, j’ai bien tout compris mais
après un tel récit et une si belle écriture, j’aurai aimé que la fin soit aussi
agréable et compréhensive que le reste du roman.
J’ai eu l’occasion d’échanger avec Patricia Le Sausse durant
ma lecture, et j’ai ainsi appris qu’elle allait sortir un autre roman chez
l’Ivre book en septembre et dont l’histoire se déroulera en 1348. Je pense donc
être au rdv pour découvrir ce roman et retrouver la plume et l’ambiance bien
marquante de cette autrice.
En bref, le jarwal est une histoire qui m’a enchanté aussi bien pour
l’époque médiévale dans laquelle ça se déroule, pour le langage et le travail
de recherche fournis par l’autrice, et pour son personnage principal pour
lequel j’ai été attachée dès le début de l’histoire. Le fait que cela se passe
en Provence était aussi très dépaysant pour moi, et j’ai aimé en apprendre un
petit peu sur cette période de l’Histoire, même si les références restent légères, mais suffisantes pour planter le décor.
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